Samedi 15 août 1914

Dans la nuit, un orage bienfaisant abat la chaleur écrasante. Au rapport de la 3° région, je vois le Comte d'Alsace, sénateur, qui est chef d'escadrons de Cuirassiers.

Notre popote est installée chez des vieilles dames pieuses, très aimables. Elles vont à la messe tous les matins, et on ne peut entrer chez elles qu'après 09h30.

Notre sous-intendant arrive enfin : c'est un colonial, de l'active, Monsieur Briolay. C'est un esprit clair qui met vite de l'ordre dans les affaires.

Un « tuyau » circule : nous allons faire partie de la 5° armée dont le quartier général est à Rethel. Le Général Vigy confirme cette nouvelle qui nous remplit de joie. Le Général Mannoury (qui n'a pas reçu de commandement actif et qui est inspecteur de quelques régions) vient accompagné du Général Feldmann, et fait la tournée de nos cantonnements.

Le Lieutenant-Colonel Rat, du 18°, lance des invitations (doc n°12) pour une fête en plein air. Je ne puis y aller, étant de service. Il paraît que, malgré la pluie, le succès a été grand. Il y a eu des chansons, des monologues, une conférence patriotique par le sergent Dreyfus, etc. De nombreux officiers anglais étaient présents : on a sabré le champagne.

Au dîner le Général Vigy nous raconte une foule de souvenirs intéressants sur la guerre de 1870, sa blessure à Ladonchamps, sa captivité à Metz, son évasion, ses démêlés avec André, etc.

Ma nuit est troublée par des hôtes indésirables et piquants, dont je ne puis exactement déterminer la nature.